Des surplus ? À l’éducation !
Ce texte a d’abord paru dans le blogue Prospérité Québec le 20 juillet 2016
Des données récentes indiquent le dégagement d’un surplus de 1,7 milliard de dollars dans les coffres du gouvernement du Québec pour l’année se terminant le 31 mars dernier. Cette marge de manœuvre ne doit pas être gaspillée surtout après tous les efforts qu’il a fallu consentir pour obtenir un tel résultat.
Le gouvernement devrait résister à la tentation de réduire les impôts. Misons plutôt sur des réinvestissements pour accroître la capacité du Québec et de ses citoyens d’améliorer le niveau de bien-être de chacun et les performances économiques de l’ensemble.
Réinvestir dans l’éducation reste le meilleur moyen pour réaliser ces deux objectifs.
Comme le disait le regretté Paul Bernard, la meilleure façon de créer de la richesse est de commencer par la distribuer. Offrir à tous une éducation de qualité, de la petite enfance jusqu’à la vie adulte, est une façon de distribuer de la richesse qui favorisera ensuite… la prospérité.
C’est en investissement massivement à partir des années 1960 dans un tout nouveau système d’instruction publique, puis dans la création des cégeps et l’élargissement du réseau universitaire, que le Québec a formé de nouvelles générations de dirigeants, de chercheurs, d’entrepreneurs et de gestionnaires qui ont su, ensuite, à travers Québec Inc, la société civile et divers programmes publics, soutenir le développement économique du Québec tout en assurant à chacun une vie plus agréable, plus riche, plus belle. Du même coup, nous avons réussi à maintenir à un niveau plus bas que dans le reste de l’Amérique du Nord les inégalités sociales.
La rigueur (ou l’austérité) budgétaire n’a pas épargné l’éducation. Les besoins sont nombreux dans les écoles dont plusieurs sont vétustes. Les universités sont confrontées depuis plusieurs années à un manque à gagner par rapport aux ressources consenties dans les autres provinces canadiennes à l’enseignement supérieur. S’il est un domaine où il est urgent de renverser la vapeur, c’est en éducation.
S’il fallait établir des priorités en ce domaine, il faudrait commencer par le bas, c’est-à-dire par la petite enfance et par les plus vulnérables. Dans les palmarès, les élèves québécois sortent avec de bons résultats en moyenne. Mais les inégalités scolaires subsistent.
Il est désormais communément admis que l’investissement dans l’éducation préscolaire, que ce soit à travers des services de garde éducatifs ou l’extension de la maternelle 4 ans à tous ou par d’autres moyens, favorise une entrée à l’école réussie et est susceptible d’aider les élèves à persévérer et à obtenir un diplôme à la fin de l’école secondaire. Or nous considérons généralement les services de garde à la petite enfance comme des mesures de conciliation famille-travail et négligeons souvent de les considérer comme des services éducatifs à part entière. L’économiste Pierre Fortin a établi que sur 50 ans de vie active, le gain individuel cumulatif découlant de l’acquisition d’un premier diplôme est de 450 000 $ à 550 000 $.
Nous avons fait des progrès importants dans la lutte au décrochage scolaire. Il faut maintenant s’attaquer aux inégalités qui subsistent à cet égard entre les régions, entre les filles et les garçons et entre les petits Québécois issus de l’immigration récente et les autres. La persévérance scolaire est inégale aussi d’un quartier à l’autre en ville.
Il faut voir d’un bon œil l’intention du ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, de mener des consultations puis d’établir une nouvelle politique de réussite éducative. L’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) lancera également à l’automne une vaste consultation sur la petite enfance au Québec. Ces deux processus seront des occasions de mieux cerner les priorités et veiller à ce que si réinvestissements il y a en éducation, ils le soient au meilleur escient possible.