Pourquoi ce carnet ?

Depuis 30 ans, j’observe la société québécoise et analyse son évolution sur les plans politique, social, économique et culturel. Je l’ai fait d’abord comme journaliste au quotidien Le Devoir puis comme fondateur et dirigeant d’un think tank non traditionnel voué à la participation citoyenne, l’Institut du Nouveau Monde.

Ce carnet est l’un des lieux où je poursuis ce travail de réflexion.

Enjeux globaux

On ne peut penser le Québec ou réagir aux débats qui le traversent sans prendre en compte l’évolution plus globale de la planète.

J’ai déjà décrit le Québec comme un laboratoire de l’altermondialisation, c’est-à-dire un endroit où l’on essaie de tirer le meilleur tout en combattant le pire de ce mouvement irréversible. Quel que soit le tournant qu’elle est en train de prendre sous l’effet des chocs successifs du 11 septembre 2001, de la crise économique de 2008, des assauts de DAECH et de la dynamique migratoire qui semble obséder l’Occident, cette mondialisation est toujours à l’œuvre. Mais elle renvoie les nations à elles-mêmes et à leurs responsabilités.

Le rôle essentiel de la politique

Les enjeux globaux trouvent en effet leur résolution le plus souvent à l’échelle locale ou nationale, là où la vie prend forme et où la démocratie s’exerce.

On peut imaginer de nouvelles structures de gouvernance ou de regroupements humains. Mais pour l’heure, le citoyen du monde continue de vivre dans un territoire concret occupé par une ou des nations dans lesquelles il se reconnaît et trouve certaines des conditions de son émancipation au-delà de lui-même comme individu. C’est pourquoi je déplore qu’au Québec, nous ne sachions plus que faire de notre nationalisme.

À l’ère des populismes, dans la jungle des médias sociaux ou sous la menace des changements climatiques, l’on peut parfois se sentir impuissant. C’est là sans doute l’une des causes du décrochage démocratique que l’on peut observer depuis quelques années. La création de l’INM fut ma réponse la plus concrète à cette question. La politique demeure pourtant l’un des rares leviers dont disposent les collectivités pour assurer la justice et provoquer du changement, voire des révolutions.

En 2018, le Québec est appelé aux urnes. Les élections, en dépit de leurs limites, demeurent des rendez-vous essentiels de notre vie commune. J’aborderai certainement dans ce carnet les débats soulevés durant la campagne. Je le ferai sans partisanerie, comme je l’ai fait lors des élections précédentes, dont j’ai analysé le déroulement et les résultats pour tenter de comprendre les mouvements d’humeur de l’électorat.

Laïcité, vie privée et société

Il est probable que les enjeux identitaires occuperont une place importante dans le combat électoral. La question nationale structure toujours la vie politique québécoise, quoi qu’on dise du déclin de l’option indépendantiste. Le débat lancinant qui nous occupe sur la laïcité au Québec semble vouloir s’imposer lui aussi de nouveau. J’aborde d’ailleurs ce sujet dans un billet inédit.

Je discute également dans ce carnet certains sujets de société. Par exemple, les dérives de Facebook ont remis à l’ordre du jour les risques que créent pour la vie privée les nouvelles technologies de l’information. J’ai consacré dans les années 1990 de nombreux articles, des conférences et deux livres à ce sujet. J’ai gagné des prix de journalisme avec ces reportages. Les angoisses ressenties de nos jours à ce sujet l’étaient déjà il y a un quart de siècle même si les réseaux sociaux n’existaient pas encore sous la forme actuelle. J’ai regroupé ces textes dans une section du carnet.

J’ai rassemblé sur ce site web un échantillon de textes que j’ai produits au fil du temps sur le nationalisme, la politique nationale et locale, le système de santé, l’éducation, l’innovation sociale, les technologies, la laïcité et les politiques publiques. J’en ajouterai d’autres au gré de l’actualité.

Une nouvelle étape

J’ai quitté la direction générale de l’INM le 1er mars 2017. Après 14 ans à la tête de l’institut que j’avais fondé en 2003, avec l’appui d’innombrables collaborateurs et collaboratrices de premier ordre, il me semblait opportun de passer le relais à la génération suivante. J’ai mis la maison en ordre avant mon départ. La relève était prête. Elle le prouve en poursuivant un travail de grande qualité en éducation civique comme en participation publique.

Quant à moi, je sentais le besoin de passer à autre chose. J’avais conçu et mené de nombreux travaux de consultation dans le cadre des mandats de l’institut. J’avais fait le tour de la province vingt fois et y ai rencontré des gens formidables, y ai découvert des initiatives prodigieuses. Je me suis moi-même inscrit dans le mouvement de l’entrepreneuriat et de l’innovation sociale. J’ai contribué à créer un accélérateur de projets, L’Esplanade Montréal, ainsi qu’un réseau d’innovateurs sociaux, le RQIS.

Après quinze ans de journalisme au sein du Devoir et quinze autres à animer le débat public au sein de l’INM, j’avais envie de contribuer autrement au développement du Québec.

En m’appuyant sur les expériences et les compétences acquises, j’offre des conseils à des organisations porteuses d’avenir et, par une parole publique avec laquelle je renoue à travers ce carnet, je propose mon interprétation du nouveau monde, celui qui s’en vient sous la poussée des forces en présence, et celui que l’on imagine, que l’on espère et que l’on construit, ensemble ou par des initiatives personnelles. L’avenir sera fait d’une combinaison des deux.

J’avais amorcé dès l’été dernier le tri de mes archives et la composition du site web. Je poursuis en parallèle d’autres projets d’écriture et de recherche, en complément à mon rôle de conseiller en participation démocratique, en innovation sociale et en politiques publiques.

Ce carnet me permet de réfléchir à haute voix sur ce qui nous arrive collectivement et de partager le fruit de ces réflexions en espérant qu’elles puissent éclairer l’action, la mienne, la vôtre, la nôtre.