Montréal comme un jardin

Ce texte a d’abord paru dans le journal Métro Montréal le 27 juin 2013

J’étais à l’inauguration des Mosaïcultures internationales de Montréal, vendredi dernier, au Jardin botanique. Des centaines de citoyens, amis du Jardin, de toutes origines, de toutes conditions et de tous âges, déambulaient entre les œuvres majestueuses proposées par des artistes-horticulteurs provenant de 25 pays.

Les dignitaires n’allaient pas manquer ça. J’y ai vu le maire de Rosemont-Petite-Patrie, François Croteau, de Projet Montréal. Et puis Denis Coderre qui tweetait depuis la tribune des invités spéciaux. Pierre Bourque, l’ancien maire et ancien directeur du Jardin, se faisait discret dans la foule. Les allocutions se succédaient quand j’ai décidé de me laisser charmer par les œuvres qui jouxtent la roseraie en fleur ou l’insectarium où s’amusaient bruyamment des enfants.

Le lieu est apaisant. Il invite à la réconciliation. N’est-ce pas ce à quoi aspirent les Montréalais après tant d’années de cynisme, de méfiance et de déception ?

J’ai pensé que les Mosaïcultures parvenaient à réconcilier divers aspects de la ville que bien des gens tendent à opposer. Son caractère international avec la qualité de vie des résidents ; l’est et l’ouest ; les Montréalais de diverses origines ; l’homme et la nature ; le développement économique avec le développement social et le développement culturel ; la beauté avec le rythme trépidant d’une grande métropole.

J’ai pensé, aussi, que la réconciliation entre les différentes facettes de notre ville serait l’un des grands défis du prochain maire de Montréal.

Car on oppose souvent, à tort, les exigences de l’inscription de notre ville dans l’univers économique mondialisé, qui requiert des infrastructures routières, des zones industrielles et des tours à bureaux, aux désirs des résidents de préserver, dans les quartiers, une qualité de vie, une quiétude, la sécurité dans les rues, les parcs, les rues piétonnières l’été.

Combien de fois renvoie-t-on dos-à-dos, les anciens banlieusards des villes fusionnées, vivant dans des bungalows aménagés dans des îlots d’habitation, entourés de centres commerciaux, aux habitants de l’ancienne ville, agglutinés dans des condos superposés dans des tours toujours plus hautes ? Caricatures qui n’aident en rien à admettre qu’une ville puisse offrir diverses modalités d’habitation compatibles avec des modes de vie, des rythmes et des préférences dont la diversité enrichissent le tissu urbain. Pourquoi existerait-il une seule sorte de citadin ?

On parle des divisions linguistiques de la métropole. Alors que j’y vois le plus souvent le lieu d’une médiation exceptionnelle entre les cultures et les visions du monde.

Réconcilier les modes de vie, les langues, les exigences de l’économie avec les impératifs sociaux, culturels et environnementaux. Grand défi. Belle perspective. Montréal, comme un Jardin botanique. Qui accueille le monde, s’ouvre à lui, tout en protégeant son monde et lui offre la paix, la sérénité. La vie.