Les orphelins

Ce texte a d’abord paru dans Le Devoir le 5 avril 2014

Je croise depuis quelques jours de nombreux orphelins politiques. Ils iront tous voter. Car ils croient en la démocratie et refusent de s’en laisser exclure par la déception. Mais ils ne se retrouvent pas, ou pas tout à fait, dans l’offre partisane qui nous est faite. Ils exprimeront lundi un message qui pourrait ressembler à un soupir d’insatisfaction.

Les deux partis dominants sont mis en cause au premier chef. Car les deux autres n’ont pas réussi à construire une communauté d’adhérents suffisante pour être reconnus comme une solution de remplacement crédible.

Voter par optimisme

Ce texte a d’abord paru dans le journal Métro Montréal le 3 avril 2014

J’irai voter lundi parce que je crois en nous. Je suis convaincu que plus nous serons nombreux à faire vivre la démocratie, mieux la politique se portera, meilleurs seront les candidats et les décisions que prennent les élus. Je voterai lundi par optimisme. Pour défier le destin. Pour sortir de la morosité. Pour faire ma part et remplir mon devoir.

Je sais, cette campagne fut l’une des plus déprimantes des dernières décennies. Bien des gens sont tentés par l’abstention. Ce serait abdiquer devant l’incompétence. L’incompétence des partis et des politiciens à nous mobiliser autour de causes communes pour un  avenir meilleur. Durant cette campagne, c’est le pire de nous, nos inclinations les moins nobles qui furent sollicités. Nos peurs, nos préjugés, notre cupidité.

L’ère du soupçon

Ce texte a d’abord paru dans Le Devoir du 29 mars 2014

Nous n’avons jamais eu autant de codes d’éthique, de commissaires au lobbyisme, de commissions d’enquête et de polices anti-corruption qu’aujourd’hui. Ces garde-fous ne nous empêchent pourtant pas d’entretenir autant sinon plus de soupçon envers la classe politique qu’autrefois.

On oublie que le soupçon est inhérent à la vie démocratique. De tout temps, les citoyens se sont méfiés des gouvernants et c’est pour cette raison que les systèmes politiques sont construits comme un jeu d’équilibre entre pouvoirs et contre-pouvoirs.

Il manque le tragique

Ce texte a d’abord paru dans Le Devoir le 22 mars 2014 Les grands leaders politiques sont des héros tragiques. Ils ou elles sont de grands metteurs en scène en même temps que les acteurs des premiers rôles du grand jeu de leur époque. Ce qui les distingue, c’est aussi bien les ambitions qu’ils entretiennent pour leur nation que le contenu de leur politique. C’est aussi un style, une faconde, une conscience sensible de sa propre valeur et du pouvoir de sa parole, le talent d’incarner une génération, de comprendre l’esprit du temps et de le traduire en action politique

Questions pour le débat

Ce texte a d’abord paru dans le journal Métro Montréal le 20 mars 2014

Ce soir a lieu le principal débat télévisé des chefs sur Radio-Canada et Télé-Québec.

Il semble que ces débats servent surtout à conforter les électeurs dans leur choix, sauf si l’un des chefs commet une erreur irréparable. C’est toutefois le seul moment dans la campagne où nous avons l’occasion de les voir échanger ensemble.

Normalement, ce devrait être l’occasion de soulever des questions de fond, de forcer les protagonistes à s’expliquer, d’approfondir une proposition. Or on assiste généralement à un étalage de cassettes. Mais c’est dans ma nature d’être idéaliste alors je garde espoir.