Bénévoles
Ce texte a d’abord paru dans le journal Métro Montréal le 5 décembre 2013
Sans les bénévoles, la société s’écroule. Au Québec, deux millions et demi de personnes donnent de leur temps gratuitement chaque année, c’est le tiers de la population.
Sans eux, oubliez le sport amateur, le loisir culturel, l’entraide locale ou les activités parascolaires. Les syndicats, les partis politiques, les groupes communautaires, les associations professionnelles perdent leur sens et l’essentiel de leur capacité d’agir dans la société.
Sans compter que l’action bénévole renforce le lien social, crée de la cohésion entre nous, apaise les tensions en créant de la solidarité et en favorisant l’intégration.
Le 5 décembre est la journée internationale des volontaires (au Québec on dit bénévoles). Partout dans le monde, on leur rendra hommage aujourd’hui. Ils en ont besoin. Le principal salaire des bénévoles est la reconnaissance.
Le mot « bénévolat » a perdu un peu de son lustre. On l’associe encore beaucoup aux œuvres de charité. Or le bénévolat existe dans toutes les sphères d’activité. Il répond à des motivations diverses.
Aujourd’hui, une personne offre de son temps aussi bien parce que, après avoir elle-même obtenu de l’aide, elle veut remettre à d’autres ce qu’elle a reçu. Une autre s’engagera dans une cause par intérêt personnel : j’ai un enfant à l’école, je participerai au conseil d’établissement ; j’aime les fleurs, je serai guide au Jardin botanique ; je dénonce les changements climatiques : je militerai dans un mouvement écologiste ; la pauvreté m’indigne, je donnerai du temps à un mouvement politique.
Le bénévolat sert également à briser la solitude. On cherche aussi à se rendre utile, à mettre à profit ses compétences auprès d’une organisation qui en a besoin.
Un citoyen trouve aussi dans le bénévolat aussi bien un sens à sa vie, l’expression d’une éthique ou encore carrément un peu de pouvoir au sein de la société.
Certains préfèrent parler aujourd’hui de participation sociale ou citoyenne plutôt que de bénévolat. C’est du pareil au même, puisque l’on parle dans les deux cas du don de temps pour autrui ou pour le bien commun en dehors de sa famille.
Le bénévolat n’est pas en crise. Mais il est vrai que, depuis vingt ans, le nombre d’heures consacrées par les Canadiens à l’action bénévole est en baisse. Cela s’explique entre autre par le fait que le nombre d’heures travaillées (au sens d’occuper un emploi) augmente.
Il est vrai aussi que le bénévolat se transforme. L’engagement social est moins durable. Il s’inscrit dans des logiques de réseaux. Les organismes se professionnalisent et des employés remplacent les bénévoles dans des tâches plus complexes qu’imposent parfois les bailleurs de fonds.
Le rôle des bénévoles dans la société doit être réfléchi à la lumière des nouveaux contextes. On doit aussi en prendre soin. Nous en aurons de plus en plus besoin.